Voici ce que Guy Gérard a dit :
" La disparition de
Gérard SAURET, même si nous la savions inéluctable en raison de la
gravité de la maladie qui l’assaillait, nous emplit de chagrin,
et, à cet instant, j’ai la certitude de parler au nom de tous les
habitants de M.L. et plus largement du Fumélois dont chacun savait
et connaissait ses qualités de cœur, de dévouement et de
désintéressement.
Notre commune
vient de perdre un serviteur de talent, un homme intègre, humaniste
éclairé, attaché à la culture sous toutes ses formes, à la
défense du patrimoine et de l’art, fil rouge de son existence.
Je n’aurai pas
l’outrecuidance de retracer de façon exhaustive une carrière
aussi remplie que la sienne, mais en retracer les grandes lignes
permettra d’illustrer le fil conducteur d’une vie vouée au
partage.
Cet engagement, on
doit d’abord en chercher la source dans l’éducation familiale
qui lui fut donnée par des parents soucieux du développement
intellectuel de leur enfant. Donc, rien d’étonnant que de voir le
jeune Gérard, dès l’âge de 14 ans, réaliser ses premiers
tableaux et puiser auprès de son père enseignant le goût de la
transmission. Après un passage à l’Ecole des Beaux Arts de
Bordeaux où il put développer et enrichir ses techniques
picturales, il décidait, avec son épouse, de venir, en 1953
s’installer dans notre commune pour y créer sa première activité
professionnelle de fabrication de jouets de bois sous la
marque « Baby Lux », dénomination qui doit rappeler
de lointains souvenirs aux plus anciens de nos concitoyens.
Vint ensuite sa
période d’enseignant. Pendant plusieurs décennies, il dispensa au
collège de Libos des cours de dessins et de peinture et l’on peut
affirmer, sans crainte d’être démenti que les séances qu’il
animait et où transpiraient sa gentillesse et sa bonhommie ont
laissé d’excellents souvenirs à ses élèves.
Parallèlement à
son activité pédagogique, il décidait d’ouvrir avec son épouse
une galerie d’art, la 1ère du Département , dans les
années 60 où, chaque année, il nous était donné l’opportunité
de rencontrer, avec leurs œuvres, des artistes qui, aujourd’hui,
ont atteint une renommée nationale, voire internationale :
J.Claude MAUREL, LASBOUYGUES, Sakti BURMAN, Maïté DELTEIL,
BOGHOSSIAN, N. ROUSSEAU GROLEE sont des noms qui nous sont devenus
familiers parce que Gérard Sauret et son épouse ont souhaité faire
partager au plus grand nombre cet amour de la peinture qu’ils
avaient en eux.
Cette galerie
était également le lieu où l’on venait faire encadrer ses
toiles, restaurer ses tableaux, ses statues. Gérard SAURET était
réellement l’artisan multi-carte de l’art.
Mais son
engagement ne se satisfaisait pas de cela. « L’homme n’est
rien d’autre que ce qu’il fait » disait Sartre. Cette
maxime Gérard Sauret se l’est appliquée à lui-même : il a
créé, d’abord dans le cadre des activités du CLACS, puis, après
sa suppression, au sein de l’A.L.M.L. un atelier de dessin et de
peinture ouvert à tous, adultes, handicapés, enfants, où, depuis
30 ans il aidait, guidait, dispensait ses conseils et offrait, chaque
année, une exposition des travaux dont la qualité surprenait les
visiteurs.
Et comme tout ceci
ne suffisait pas, il travaillait à ses propres productions qu’il
présentait dans de nombreuses expositions personnelles ou salons :
à Paris (maison des poètes), à Limoges, à Bordeaux, à Lauzerte,
à Monflanquin, etc…ce qui lui valut de nombreux prix. Cheville
ouvrière du Salon Roger Arnould de Fumel, il consacra, durant de
nombreuses années une énergie certaine pour en assurer le succès
tout en participant activement au fonctionnement du Syndicat
d’Initiative du Fumélois avant que celui-ci ne devienne une
compétence de la Communauté des Communes.
Ce souci du
partage et de l’animation ne pouvait rassasier cet homme avide de
réflexion, d’actions et de réalisations
Une de ses
réussites à laquelle j’attache une importance particulière
demeure la création, au début des années 1970, du club
archéologique de M.L. et des conséquences qu’elle allait
produire.
L’église romane
et le château prieural de Monsempron constituent un ensemble
architectural majeur. Si l’église a bénéficié d’un entretien
régulier, il n’en était pas de même pour le Prieuré qui
présentait un état de délabrement avancé et qui servait de lieu
d’expérimentation aux recherches et aux fouilles d’une équipe
de jeunes monsempronais à l’imagination débordante. Et c’est là
que Gérard Sauret eut le génie de fédérer toutes ces énergies et
de les canaliser vers un utile travail de restauration, donc de prise
de conscience. Et c’est cet apport bénévole qui a permis, dans un
premier temps de sauver le Prieuré, d’aménager les premières
salles d’exposition et d’enclencher la poursuite de la rénovation
de ce monument. Tout au long de ce processus, ces jeunes se sont
formés, sont devenus des historiens ou des préhistoriens de grande
valeur qui ont poursuivi leurs classes lors des fouilles de Las
Pélénos à Monsempron, la Pronquières à St Georges, Casse gros à
Trentels, au château de Sauveterre. Les Alain QUINTARD, Alain TURC,
Yannick ZABALLOS, Ruffino et Joséphine PINEDA savent bien ce qu’ils
doivent à Gérard Sauret. Et ce sont les travaux qu’il a
diligentés qui ont permis l’intervention de la DRAC pour réaliser
les fouilles et l’ouverture à la visite de la crypte de l’église.
Son travail d’initiation a également débouché sur l’obtention
d’un doctorat d’histoire pour 3 membres de ce groupe
archéologique : Pierre SIMON, le Président de notre Amicale
Laïque, J.Marie Le TINSORER, éminent préhistorien professionnel et
Alain TURC, l’un des responsables du musée de la préhistoire des
Eyzies. Son rôle, dans la défense et la restauration du patrimoine
a été décisif et les vocations qu’il a fait naître nous
permettent de profiter de la connaissance de ces spécialistes et de
leurs travaux.
Cet engagement
désintéressé, sa propension à rechercher constamment une action
nouvelle, ses propositions pour la restauration et la sauvegarde du
patrimoine, pour l’animation culturelle nous ont conduit à le
solliciter pour nous rejoindre au sein de l’Equipe Municipale. Et
pendant 13 ans nous avons eu le bonheur de partager sa présence
bienveillante et productive.
Cher Monsieur
SAURET, ces compagnons de route que nous avons étés parce que nous
avons trouvé en vous cet humanisme généreux et tolérant qui est
le fondement de notre vie militante et publique vous pleurent et dans
leur « au revoir », de toutes leurs forces, ils vous
disent « merci ». Vous aviez un devoir envers les
autres : les faire profiter de votre amour pour l’art et la
culture sous toutes ses formes et vous vouliez que tous puissent y
accéder. Noble et généreuse tâche dont vous vous êtes acquitté
jusqu’à la veille de votre disparition.
Voilà l’homme
que vous étiez, amical, affable, souriant mais exigeant, un homme
qui fait honneur à une collectivité parce qu’unanimement reconnu,
un homme que nous avons eu la chance et le plaisir d’accompagner.
A vous, Madame
Sauret, à toi, Philippe, à toi, Aurélie, à votre famille, en mon
nom personnel, mais je peux affirmer aussi être l’interprète de
tous nos concitoyens, j’adresse l’expression de toute notre
compassion, l’assurance de nos très sincères condoléances, de
notre sollicitude et de toute notre amitié.
Oui, Mme Sauret,
la séparation est douloureuse, mais en termes de consolation,
mesurez la chance d’avoir fait un si long chemin à côté de
Gérard.
Et à l’instar
de Charles PEGUY, écoutez-le vous dire ;
« La mort
n’est rien, je suis passé dans la pièce à côté
Parlez de moi
comme vous l’avez toujours fait
Ne prenez pas
l’air solennel et triste
Continuez de rire
de ce qui nous faisait rire
Le fil n’est pas
coupé
Je ne suis pas
loin, juste de l’autre côté du chemin
Vous voyez, tout
est bien ».
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